Aubenas (07), 3 ème génération

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Le contexte

L’Université Populaire de Parents est située dans un quartier prioritaire d’Aubenas, « les Oliviers ». Notre point d’accroche est ce quartier mais le projet rassemble des parents de toute la ville et même de communes voisines. Nous avons découvert le projet dans le centre social que nous fréquentions. 

C’est l’animatrice du centre social qui a présenté le projet dans différents groupes existant au centre. Dans le groupe « couture », les personnes parlaient beaucoup de leurs problèmes avec l’école, de leurs enfants… Certaines ont été partantes pour l’UPP tout de suite, puis d’autres ont rejoint le groupe. Celui-ci a évolué au fil du temps et s’est soudé autour de la recherche. Nous nous sommes réunis très souvent, une fois par semaine, pour des journées de travail complètes.

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La recherche

1/ La phase exploratoire (Les thèmes abordés et la méthode)

La phase exploratoire 

Nous sommes partis du constat, le nôtre et celui des parents de notre entourage, que les parents rencontrent de grandes difficultés à dialoguer vraiment avec les autres éducateurs (enseignants, travailleurs sociaux…). 

Nous avions envie de comprendre pourquoi. 

Nous souhaitions savoir si cela venait de nous, si c’était uniquement « NOTRE » problème comme nous l’entendions souvent, ou si finalement c’était un problème plus global.

À la suite de nos nombreux débats, nous avons posé plusieurs constats bruts : 

Il existe une difficulté de dialoguer entre parents, « autres éducateurs » et enfants. Celle-ci est peut-être dûe :

  • Aux préjugés réciproques entre les acteurs de l’éducation,
  • À la hiérarchie entre les personnes définie par notre société,
  • À un langage différent,
  • À la place de l’enfant vécue différemment selon la place à laquelle on se trouve.

Nous avons ensuite choisi un thème qui regroupait les préoccupations de tous : 

« La relation parents-Éducation nationale nous préoccupe collectivement… »

Pour continuer à réfléchir nous avons utilisé plusieurs outils : 

  • Débats et jeux de rôles
  • Travail autour de la presse
  • Travail autour du langage, des mots

À ce stade, beaucoup de préoccupations collectives ressortaient et nous avons dû faire du tri. L’arrivée de l’universitaire nous a permis de choisir des mots clés : 

  • INSTITUTIONS : « Éducation nationale » mais aussi les autres lieux d’éducation, les lieux en lien avec les familles.
  • ÉDUCATION : qui sont les éducateurs ?
  • RELATION DÉSÉQUILIBRÉ : entre enseignants, les professionnels et les parents.
  • LE DIALOGUE : l’importance du langage, des mots partagés autour de l’éducation d’un enfant.

C’est à partir de ces mots que nous avons construit notre question de recherche. 

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2/ La question de la recherche

Après plusieurs mois de travail, nous avons formulé une question de recherche : 

Quelle est la place du dialogue entre parents, éducateurs et enfants dans le système éducatif ?

Notre travail a porté sur la place du dialogue véritable entre ces trois pôles (parents, autres éducateurs, enfants), même si pour nous les parents sont les premiers éducateurs.

3/ Les hypothèses

1/ Le dialogue se construit beaucoup dans des rapports de confrontation.

2/ Le système éducatif est basé sur des rapports hiérarchiques mal vécus par tous.

3/ Il y a des différences entre les lieux, les personnes et les moments

4/ La méthodologie de la recherche

Nous avons alors construit, avec l’universitaire, un guide d’entretien établi sur une méthode scientifique. Nous agissons en binôme, un parent mène l’entretien et l’autre note. Parfois, nous sommes amenés à enregistrer la conversation pour ne pas faire de mauvaises interprétations.

L’universitaire nous a proposé de procéder par « lieux » et par « pôles ». Nous avons choisi des lieux (établissements scolaires, centres sociaux…) dans lesquels nous avons à chaque fois interrogé nos trois pôles : Enfants / Parents / Autres éducateurs (professionnels).

Vingt entretiens ont été réalisés.

Nous avons analysé les résultats avec des tableaux croisés et nous avons aussi analysé le langage utilisé par les personnes lors des entretiens.

Nous avons également utilisé comme matière une participation à un colloque d’étude organisé par le mouvement Freinet, les 11 et 12 avril 2014, accompagné par l’ACEPP nationale et les retours faits lors des ateliers.

Le dialogue ne va pas de soi, il s’apprend. 

Pour les élèves

Les adolescents notamment, leur « travail » d’élèves se résume à apprendre. Ils disent ne pas réfléchir beaucoup au dialogue. Le dialogue est parfois associé pour eux à une faiblesse ou à un risque. 

Pour les parents

Le dialogue est indispensable : dans leurs discours, les parents expriment clairement l’envie d’être plus écoutés, mieux entendus et considérés. Pourtant, aucun ne cite les instances déjà existantes (conseil d’école, les rendez-vous parents – enseignants…). Ainsi, ce qui existe ne semble pas suffisant. Les parents ne sont pas à l’aise. Il semble qu’ils cherchent leur place dans le triangle professionnels–enfants–parents.

Pour les professionnels

L’importance du dialogue est reconnu mais à nuancer : ils citent systématiquement des freins au développement de vrais moments de dialogue avec les parents ou avec les enfants. De plus, eux aussi ne font absolument par référence aux instances de dialogues officielles existantes.

De nombreux freins empêchent l’établissement d’un dialogue « direct », c’est-à-dire des moments de paroles entres les personnes ressentis comme un partage d’égal à égal.

Nous avons identifié un premier frein : 

  • La représentation par les professionnels (les enseignants et les éducateurs) de leurs missions 

Dialoguer ou ne pas dialoguer ne semble pas être une question de métier ou de mission, mais de représentations que l’on a de son métier ou de sa mission. De plus, les professionnels reconnaissent dans leurs discours ce flottement, le fait que tous font en fonction de leurs visions du métier. Les enseignants reconnaissent donc que le dialogue ne s’impose pas à eux, qu’il ne fait pas partie intégrante de leur mission. Il repose sur la bonne volonté des individus. S’il est mis en place, c’est en périphérie de leurs missions d’enseignement. 

Un autre frein : 

  • L’éducation nationale met une pression au travers des programmes qui ne permet pas de faire émerger des temps facilitant le dialogue 

Les enseignants disent ne pas avoir le choix : Ils expriment clairement que l’intensité des programmes ne laisse pas de place pour autre chose que la transmission de savoirs dans le primaire comme dans le secondaire.

Un troisième frein :

  • Les rapports entre groupes apparaissent comme hiérarchiques et mal perçus quand ils découlent d’un dialogue mal géré.

Les parents et les professionnels font le constat d’un déficit de dialogue lié au fait que certains estiment que l’autre ne reste pas à sa place s’il veut dialoguer. De plus, les témoignages montrent que des jugements sont exprimés sans éléments réellement tangibles et cela est critiqué par les parents et les éducateurs.

Par contre, dans les lieux où le dialogue semble être en place, admis et revendiqué, la place de chacun et les relations sont décrites comme harmonieuses et moins conflictuelles. Nous avons remarqué que « le projet » du lieu éducatif (école, IME, école alternative…) impactait l’ambiance et la qualité des relations parents/professionnels. La reconnaissance d’une place pour chacun dans le projet semble également faciliter les relations et le dialogue. 

Les remarques et analyses précédentes nous permettent de dire que :

Il n’y a pas un système éducatif uniforme. Différents sous-systèmes existent en fonction des lieux. Certains lieux créent leurs propres conditions de dialogue qui fonctionnent plus ou moins bien.

De plus, personne ne cite les instances de dialogue classique (conseil, association de parents d’élèves…). Nous savons que le dialogue institutionnel existe, qu’il est prévu par les textes et la plupart du temps, il est mis en place dans les écoles ou les collèges, mais personne ne le cite lors de nos rencontres. Lorsqu’on pose la question du dialogue à l’école, personne ne fait référence aux conseils de classe, aux associations de parents d’élevés, au rôle des délégués… Dans l’esprit des interviewés, ces espaces de dialogue ne semblent pas en être réellement car personne n’y fait référence.

La Caisse d’Allocations familiales et la Ville, puis le Pays d’Ardèche, la politique de la Ville ont reconnu l’UPP et ont soutenu son existence. Les autres associations du secteur ont également suivi le projet en se tenant informées ou en participant aux forums que nous avons organisés. 

    • En 2013-2014, analyse d’une enquête menée par la CAF sur les attentes des parents. Nous avons été conviés en tant qu’ « experts » à commenter les résultats. 
    • En 2014, réflexion avec le Réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents -REAAP sur une labélisation « territoire parentalité » : le coordinateur REAAP a plusieurs fois rencontré notre groupe afin d’envisager avec nous la possibilité d’aller à la rencontre d’autres parents sur le territoire pour faire remonter les problématiques et les demandes en terme de soutien à la parentalité. 
  • En 2015, collaboration dans le cadre de la mise en place de la Commission départementale de soutien à la parentalité (CDSP) coordonnée par le département et la CAF. Aujourd’hui l’UPP a un siège, une voix. L’UPP a présenté en CDSP, le 16 septembre 2015, l’avancée de son travail, qui est en train d’aboutir à une collaboration rapprochée avec l’Éducation nationale : l’inspecteur adjoint, présent lors de cette CDSP, nous a proposé d’intervenir dans la formation des directeurs d’école et souhaite que l’UPP présente son travail au niveau académique aux différents inspecteurs des cinq départements de l’académie de Grenoble. 
  • En 2014, le groupe est intervenu dans la formation des éducateurs de jeunes enfants / Aides-soignants à l’école Santé sociale Sud Est – pôle Valence sur la thématique « la place des parents ».
  • En 2013, le groupe a participé avec la déléguée du préfet et la ville d’Aubenas à un débat permettant de faire remonter les besoins des parents d’être entendus. 
  • Le 30 janvier 2014, l’UPP a coorganisé, grâce au soutien de l’ACEPP nationale, un colloque régional à Lyon à l’Ecole normale supérieur. 
  • Notre groupe a également mis en place un forum parents/professionnels sur le quartier d’implantation de l’UPP et animé ce forum grâce à un jeu créé par les parents pour initier le dialogue à partir d’images. 
  • Nous avons réalisé des goûters à la sortie des écoles pour recueillir la parole des parents et des enseignants. 
  • Nous avons participé à la journée de la parentalité organisée par la CAF et présenté notre recherche à des professionnels. 

Pour les parents

 « L’UPP, c’est une AVENTURE collective : nous sommes devenus des parents chercheurs… »

« Je me suis dépassé au colloque de Lyon : le travail réalisé, l’énergie et le dépassement pour parler devant 200 professionnels, je ne pensais pas que je ferais cela un jour. 

Des choses m’ont surprises lors de notre déplacement dans l’Ain pour le colloque Freinet : j’ai découvert une manière différente de voir l’éducation… c’était pour moi une ouverture sur une autre méthode d’éducation scolaire. 

La rencontre avec Sophie Rahbi : j’ai été décontenancée par la liberté que l’on donne aux enfants… et parfois perplexe mais cela m’a montré que l’on est conditionné à une manière de vie en société… ça ouvre des réflexions. »

Sofia, parent de l’UPP 

« Je me suis dépassée lors du colloque à Lyon quand nous avons présenté notre recherche devant 200 personnes qui nous écoutaient ! Ce qui m’a surprise, c’est l’impact de ce projet sur ma capacité à être parent. Dans ma vie privée, j’ai changé de mode de relation avec les professionnels qui accompagnent mes enfants. Je suis plus claire avec eux et je suis aussi plus ferme. Je me positionne davantage en sachant ce que je veux dans une relation d’égal à égal. »

Cathy, parent de l’UPP

« J’ai été surpris par le plaisir que j’ai eu à venir et revenir, à retrouver le groupe. Car je n’étais pas parent mais j’y ai trouvé une place en tant qu’homme et grand père. » 

Paul, grand-père de l’UPP

Pour nous, l’UPP ce fut parfois « difficile » car la vie de groupe est parfois pas facile, la répercussion des « faits et histoires » extérieurs au groupe sur le groupe nous a demandé de rester soudés. 

Pour nous, l’UPP a aussi existé grâce aux séminaires et à la rencontre d’autres groupes, à la création de contacts, le voyage dans des villes comme Nice ou Paris… Ne plus se sentir isolés avec nos problèmes de parents… participer à un projet national ! Faire changer les choses de sa place de parents. 

Sur les institutions

  • Ouvertures d’institutions départementales à des parents. 
  • Questionnement des pratiques professionnelles. En effet, certaines réunions institutionnelles n’ont, au départ, pas été faciles. Il a fallu nous adapter les uns aux autres. Nous avons pu exprimer nos attentes de parents, parfois de manière émotionnelle. Cela a surpris les professionnels mais nous avons avancé, chacun. Cela a restauré une forme d’humanité et de réalité dans des discours d’experts et de professionnels. 
  • La collaboration avec le niveau académique de l’Éducation nationale est également à noter : 

« Votre présentation et votre positionnement lors de la CDSP m’a fait vraiment réfléchir à la manière dont je parle aux parents… Il faut que je me remette en question… » 

L’entretien s’est conclu par l’invitation du groupe à participer à la rencontre des directeurs d’académie de Grenoble. 

à compléter

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à compléter

  • Idée de se créer en association autour des handicaps invisibles.
  • Idée d’être des « parents » ressources pour le quartier.
  • Envie de participer concrètement à la formation des enseignants.

à compléter

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