Le contexte
Nous sommes un groupe de parents et grands-parents issus des différents quartiers de la ville qui se réunissent deux fois par semaine au centre social Le Triangle à Laon. Nous sommes actuellement la première et la seule Université Populaire de Parents (UPP) de la région Picardie.
Le groupe s’est constitué en 2012, suite à plusieurs rencontres lors de cafés des parents au centre social, autour de discussions sur la Parentalité.
La coordinatrice du Collectif Famille du centre social a alors décidé de faire découvrir la démarche des Universités Populaire de Parents de l’ACEPP, qu’elle a connu en participant à un colloque des UPP à Paris en 2012.
Un petit groupe s’est donc formé, petit à petit, et de toutes les interrogations sur tous les sujets abordés, une phrase résume toutes les pensées et tous les désirs de vouloir faire quelque chose des parents : « On dit mais on fait quoi ? »
C’est suite à cette envie d’avancer et de faire bouger les choses que l’UPP de Laon a vu le jour, en 2012, avec un noyau de parents et grands-parents, d’âges et de cultures différentes, reposant une diversité qui procure une véritable richesse pour la recherche.
Les parents se sont donc lancés dans l’aventure des Universités Populaires de Parents et se sont engagés sur un travail de recherche sur trois ans, sur une des nombreuses thématiques de la Parentalité à travers une réflexion commune, déterminante dans la démarche des Universités Populaires de Parents. Démarche qui a pour but de donner un réel pouvoir d’agir aux Parents qui sont acteurs et auteurs des projets qui les concernent, de la volonté de débattre et d’agir pour le contexte éducatif en y associant tous les acteurs : institutions, professionnels, élus, familles, etc.
Les parents ont donc décidé, après de longues discussions autour de leurs vécus, de leurs expériences personnelles d’effectuer une recherche qui porte sur le thème de la transmission des valeurs.
L’UPP de Laon est actuellement portée par la Fédération des Centres Sociaux de l’Aisne et l’association Loisirs et Culture de Laon qui gère le centre social où les réunions du groupe ont lieu.
La recherche
1/ La phase exploratoire
La phase exploratoire s’est déroulée en plusieurs temps : brainstorming, définition des mots clés dans différents dictionnaires, échanges plus approfondis sur des thématiques à partir des interrogations individuelles, accompagnés des animatrices.
Dérapent souvent en début et en fin de séance… De joyeuses indisciplinées… Du coup au milieu, c’est du sérieux !
2/ La question de la recherche
Avec l’universitaire, professeure de sociologie à Lille, nous avons construit notre question de recherche :
Comment transmettre quand nous n’avons nous-même pas expérimenté ?
3/ La méthodologie de la recherche
Les parents ont élaboré des questionnaires et fait passer des entretiens sur ce que nous avons transmis et qui nous réjouit, et sur ce que l’on nous a transmis et qui nous réjouit. Une question est apparue importante, celle des nouvelles technologies puisque, en tant que parent, ce n’est pas quelque chose qui nous a été transmis et qu’on a appris. Souvent, les enfants maîtrisent mieux que nous ces outils.
Nous avons alors poursuivi nos investigations autour des trois questions suivantes :
- « Comment essayez-vous de transmettre vos valeurs face à l’utilisation des nouvelles technologies (de l’information) ? »
- « Quelles utilisations en faites-vous ? »
- « Comment conciliez-vous les deux ? »
Les parents ont décidé de faire passer des entretiens enregistrés (dictaphone) auprès de parents anonymes, connus ou pas avec une mixité socioculturelle.
D’autres questionnaires ont également été élaborés, toujours pour des entretiens enregistrés, pour des enfants de 9 ans à 12 ans, scolarisés dans des classes de CM1-CM2 d’une école primaire du quartier ainsi que pour des adolescents de 13 ans à 15 ans, scolarisés en classes de 4e au collège du quartier.
La venue de Didier Lapeyronnie, sociologue, nous a permis de formuler notre question de recherche :
Dans une situation socialement difficile, qu’est-ce qui permet d’expliquer la réussite éducative ?
D’après les analyses effectuées, on peut constater qu’il est tout à fait possible de transmettre nos valeurs malgré l’utilisation des nouvelles technologies. Des parents ressentent des craintes face à l’inconnu. Cependant, à travers ces nouvelles technologies d’information, les valeurs telles que : l’autonomie, la confiance, la responsabilisation, sont inculquées plus ou moins explicitement ; consciemment pour certains.
Mais l’inconnu fait peur. Certains n’arrivent pas à transmettre, et n’ayant peu, voire aucune connaissance, ils se sentent impuissants, lâchent prise et laissent leurs enfants faire face seuls à l’apprentissage et aux dangers du « net ».
A travers cette recherche, on peut entrevoir que l’on peut concilier les nouvelles technologies et la transmission. Cette transmission s’adapte aux évolutions de la vie moderne.
Ces valeurs évoluent aussi. On constate que l’éducation n’est plus la même qu’il y a 20 ans. Tout évolue, les mentalités, l’éducation, la transmission et tout ceci n’est pas forcément négatif. Pour les parents en difficultés face à ces nouvelles technologies, des formations sont envisageables et ne peuvent qu’améliorer les relations parents-enfants et enfants-parents.
Un dialogue ouvert portant sur les connaissances acquises sur les nouvelles technologies avec les enfants favorise encore mieux la transmission des valeurs qui nous sont chères.
Afin de promouvoir son action et d’être reconnue dans sa démarche, l’Université Populaire de Parents de Laon a effectué plusieurs actions citoyennes en partenariat avec des associations locales tels que :
- Mini-forum : Le comité de suivi, transformé en forum avec la présence d’une cinquantaine de personnes, essentiellement des professionnels et institutions, mais aussi par la présence des UPP d’Aulnay sous-bois, Roubaix et Grigny.
- Accueils café des Parents dans les écoles maternelles : Le café des Parents a été mis en place en partenariat avec la ville de Laon et le centre social de Laon dans certaines écoles maternelles de la ville, où les parents de l’UPP se déplacent, à tour de rôle, afin d’échanger avec les parents des quartiers environnants et de communiquer sur les actions et les projets de l’UPP.
- « Parents Partageons »: Cette action s’effectue en lien avec le secteur du Collectif Famille du centre social Le Triangle. Cela consiste à réunir des parents autour de débats à thèmes afin de nourrir la recherche de l’UPP et de promouvoir les actions parentales.
Ateliers théâtre sur la Parentalité : Après la sollicitation de l’association Familles de l’Aisne, les mamans de l’UPP ont participé aux ateliers théâtre sur la Parentalité en emmenant des familles et en ont profité pour faire connaissance avec d’autres parents. Ces ateliers ont permis de jumeler connaissances, interactions et communications.
Pour les parents
Pour certains d’entre nous, l’UPP ou faire partie de l’aventure UPP, a éveillé des sentiments cachés en eux et les ont amenés à se remettre en question sur l’Éducation qu’ils ont transmises à leurs enfants mais aussi sur la manière de les élever, faisant naître chez eux des angoisses de ne pas avoir réussi leur rôle de parents éducateurs, d’être de « mauvais » parents… Ces angoisses ont pu s’estomper au fur et à mesure du temps car on s’est aperçu qu’il n’y avait pas de modèle « parfait » sur la façon d’éduquer son enfant et de lui transmettre nos valeurs. Cette prise de conscience a permis à ces parents d’évoluer et de se dire qu’ils ne sont certes pas parfait, mais surtout qu’ils ne sont pas seuls, que nous sommes avant tout un groupe, à l’écoute de leurs soucis, mais aussi là dans les bons moments et qu’aucun jugement n’est permis.
Pour d’autres, cela leur a permis de s’affirmer encore plus, d’oser s’impliquer plus dans la vie du quartier, dans les associations, en osant prendre la parole lors de réunions, commissions, conseils citoyens mais surtout face à ces professionnels et à ces institutions qui n’accordaient pas aux parents leur vraie place de Parent.
Nous avons pris une position de parents acteurs ce qui nous a valorisés et nous a permis de changer de posture tant au Centre Social que dans nos propres familles.
« Une impression d’être pris au sérieux qui nous propulse dans un pouvoir d’agir pour travailler tous ensemble. »
« Faire partie de l’aventure UPP, cela transforme un parent à vie, lui ouvre les yeux sur tout ce dont il est capable de faire , de ressentir et de voir des choses nouvelles, une fierté d’être Parent et surtout ça nous prouve que nous sommes des parents qui voulons changer les regards et briser toutes ces barrières qui nous empêchent de dialoguer et de travailler main dans la main avec les professionnels et les institutions.
Pour les institutions
Ceci dit, il n’y a pas que sur les parents que l’effet des UPP agit. Vis à vis des institutions, cela suscite de la curiosité. Elles mesurent la mobilisation du groupe et prennent tout à fait conscience du rôle de parent que le groupe véhicule :
« Parents Engagés ! » « Parents acteurs ! »
Les professionnels commencent à prendre conscience du fait que les parents sont et seront tout d’abord les premiers experts de l’éducation de leurs enfants, et que travailler ensemble est possible.
Pour le quartier
Quant aux effets sur le quartier, les écoles sont de plus en plus demandeuses sur la présence de l’UPP sur des temps conviviaux et de travail avec les parents. Cette demande favorise les relations entre les écoles et les parents des élèves mais aussi l’interaction des parents entre eux.
La mise en confiance, l’affirmation en tant que parent et se conforter pour d’autres dans leurs envies de s’investir encore plus, a poussé certains parents à être plus présents dans des places et lieux divers au sein du conseil citoyens, de la commission de Fonds de Participation des Habitants de Laon, pour une maman d’être membre du Conseil d’Administration de l’association qui porte l’UPP à Laon, d’être présidente d’association, de s’impliquer dans la vie scolaire de ses enfants en étant représentante des délégués de parents d’élèves et de participer régulièrement aux temps de réflexions avec la ville, le Projet Educatif Global (PEG), pour la vie des écoles et surtout pour le bien-être des enfants scolarisés.
Bien entendu, pour nous, il est hors de question de nous arrêter après la recherche. Nous avons l’intention de nous monter en association de loi 1901, d’être plus présents auprès des institutions, d’effectuer encore plus d’actions citoyennes notamment au sein du collège du quartier, pour un partenariat avec les Services de Protection de l’Enfance (ADSEA) pour le café des Parents dans le collège.
Mais pour une autre maman, une envie et un très grand désir de faire une autre recherche sur un autre thème de la Parentalité.
L’objectif étant de faire perdurer l’UPP dans le temps et que d’autres UPP voient le jour et ainsi accroître le nombre pour que les parents puissent montrer l’étendue de leurs talents et surtout pour prouver que nous ne sommes pas des parents démissionnaires mais des parents qui ont la « niaque » et qui veulent faire évoluer les mentalités et les idées préconçues.
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Etiam aliquet sollicitudin ipsum sit amet viverra. Praesent justo leo, vulputate eget sagittis nec, dignissim at nulla. Cras tempor luctus lacus, vitae luctus lorem condimentum quis. Vivamus vitae diam venenatis, porta mi sit amet, dignissim ante. Donec id luctus lorem, quis mattis enim. Pellentesque sit amet leo ante. Etiam consequat euismod massa, condimentum mattis risus commodo sit amet. Maecenas eu consectetur lorem, consequat eleifend velit. Nullam consequat non diam ut laoreet.
Titre de la vidéo facultative
Légende de la vidéo
